dimanche 28 août 2016

Les putes voilées n'iront jamais au Paradis, de Chahdortt Djavann



En Bref :

Ce roman fait alterner le destin parallèle de deux gamines extraordinairement belles, séparées à l’âge de douze ans, et les témoignages d’outre-tombe de prostituées assassinées, pendues, lapidées en Iran.

Leurs voix authentiques, parfois crues et teintées d’humour noir, surprennent, choquent, bousculent préjugés et émotions, bouleversent. Témoignent.

À travers ce voyage au bout de l’enfer des mollahs, on comprend le non-dit de la folie islamiste : la haine de la chair, du corps féminin et du plaisir. L’obsession mâle de la sexualité et la belle blague de ceux qui célèbrent la mort en criant « Allah Akbar ! » pour mieux lui imputer leurs crimes.

Mon avis : 

Percutant.
Autant que le titre, provoquant.
C'est dur, c'est cru, c'est direct.
Mais si réel.
Ce récit très engagé nous oblige à penser, nous secoue, nous réveille.

Oui, il y a des pays où la femme n'est que la possession de l'homme.  L'homme possède, humilie, dénigre, profite.  Des pays où le meurtrier se voit encensé pour avoir éliminé de la vermine en tuant des prostituées. -"Bien fait pour elles!"-.  Des pays où les mollahs, si vertueux, trouvent des combines pour eux-même profiter du fruit de ce qu'ils condamnent. Supercherie. Tartufferie.

Or ces femmes ont toute une histoire, une raison, un but.  Par plaisir, par besoin, par obligation ou par malchance, elles en arrivent à faire clignoter leurs foulards sur le bord d'une route ou dans un lupanar.
Ces histoires sont riches à écouter, à lire.

On se prend de compassion pour Zahra et Soudabeh.

Mais soyez averti. C'est du cash, du trash, du cru.  C'est du sexe, de la violence, des mots chocs.
Pas de langue de bois.

J'ai aimé, et surtout j'y ai vraiment beaucoup pensé, toujours maintenant.


Extraits :

"Car la mère, les sœurs, les femmes, les filles et les nièces d'un homme constituent ce qu'on appelle son nâmous. Nâmous, mot arabe/ persan/ turc, est un terme chargé de sens traditionnel et religieux dont l'équivalent approximatif serait l' "honneur sexuel de l'homme incarné dans le corps de la femme ". D'où l'existence du "crime d'honneur", crime d'horreur. Les femmes sont les biens des hommes de leur famille et elles restent jusqu'à leur mort sous tutelle masculine"

***
"Assassinées, pendues ou lapidées. Je vais exhumer ces femmes et les faire exister dans votre imaginaire pour le malheur des ayatollahs, et écrire noir sur blanc qu'elles n'étaient pas des souillures, que leurs vies n'étaient pas condamnables, et que LEUR SANG N’ÉTAIT PAS SANS VALEUR. Qu'elles méritaient la vie et non pas la mort. Qu'elles n'étaient pas la honte de la société. Qu'elles n'étaient pas des coupables, mais des victimes assassinées."

***

" Depuis la découverte des corps de femmes en tchador, aucune disparition correspondant aux victimes n'avait été signalée à police. Comme si ces femmes assassinées n'avaient ni mère, ni père, ni frères, ni sœurs, ni mari, ni famille, ni amis, ni enfants...C'étaient des parias dont nul ne s'était inquiété ou que nul n'avait osé rechercher auprès de la police"









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