dimanche 14 septembre 2014

"Les gens heureux lisent et boivent du café" d'Agnès Martin-Lugand


En bref :

La vie peut paraître belle et simple, personne n'est à l'abri d'un drame.  C'est ce qu'a vécu Diane.  Un matin, son mari et sa fille décèdent sans crier gare dans un accident de voiture. Suite à cela, elle sombre dans une profonde dépression.  Ne parvenant pas à faire son deuil une année durant, s'enterrant dans une solitude presque totale et vivant dans des effluves de souvenirs, elle décide un jour de plier bagage et de s'en aller bien loin, en Irlande, afin de renoncer à tout ce qu'elle connaît et de prendre un nouveau départ.

Mon avis :

J'ai du mal à me faire un avis... Il fait partie des livres mi-figue mi-raisin.  Il déborde fort dans la Love Story prévisible (perso, les histoires d'amour, j'aime encore bien ça), le titre est encore une fois très vendeur mais n'a pas beaucoup de rapport avec l'histoire.  Je m'attendais à autre chose.

Il y a évidemment de l'émotion, à mi-chemin entre la problématique du deuil et du coup de foudre.  Du coup c'est assez difficile de s'y investir, ces deux cotés étant forts opposés.   Il y a un certain malaise, on hésite à se réjouir ou à pleurer.  On a d'ailleurs l'impression que l'auteur elle-même à eu du mal à faire ce choix, le personnage de Diane allant de l'un à l'autre, totalement paumée.   Peut-être est-ce le but  ? (l'auteur est psychologue).  Je ne saurai pas dire si c'est un drame, une romance ou juste l'histoire d'une reconstruction.  Il est cependant difficile de rester indifférent à cette galerie de personnages bien typés et attachants.

Le livre est très (même trop) court (125 pages).  Pas de temps mort, ce n'est peut-être pas plus mal.  Je l'ai lu en un jour.

Finalement; c'est quand même plus oui que non. :-)  Je le conseille aux filles qui aiment les histoires à la Bridget Jones mais qui acceptent quand même des passages assez rudes et poignants relatifs à la perte d'êtres chers...




dimanche 7 septembre 2014

"Patiperros, la trace d'un petit bus orange" de Julien Billet


En bref :

"Et si vous quittiez tout pour une nouvelle vie ?  Une vie sans lendemain, au jour le jour.  Sans montre, sans retour, se laissant seulement guider par les signes du destin..."

Ce livre est un magnifique récit de voyage qui nous fait part des expériences, des sentiments et des réflexions naissantes dans la tête d'un voyageur solitaire.  Lui qui a tenté ce dont beaucoup rêvent tout bas, est parti avec son vieux combi VW de 1976 sillonner les "routes" (enfin, si on peut dire), allant de la Patagonie à l'Alaska, vivant des situations parfois cocasses et finalement, se découvrit autant lui-même que les superbes pays qu'il parcouru.


Mon avis :

Je pourrai commencer par vous dire que l'écriture semble "nouvelle", sans expérience, que quelques fautes traînent par-ci par-là, que la ponctuation est parfois hyper saccadée bla bla bla...

Mais non.  La seule chose que j'ai envie de crier, c'est "Whaouw" !  Ce livre est tout simplement merveilleux.  Ce récit nous emporte sans crier gare, dès la première ligne.  Je me suis retrouvée, assise à coté de lui, vivant et riant, m'inquiétant ou simplement attendant avec impatience la prochaine étape.

Il nous livre avec une rare authenticité des témoignages troublants sur des cultures ou des pays tellement stéréotypés, ici en Europe.  Il nous parle avec une simplicité si évidente des magnifiques paysages observés (Argentine), de la chaleur inattendue des populations locales, comme en Colombie (ce n'est pas toujours le cas),  et de la vie du voyage, si rude et pourtant si douce.  Il prend aussi conscience de l'envers du décor en traversant ces pays vivant sous la dictature, devant défendre ses droits devant ces enfants soldats ou ces policiers souvent illettrés raquettant sans vergogne le voyageur démuni.

Il partage avec nous ses réflexions naissantes et inévitables dans ce contexte, sur le sens de notre vie finalement si standardisée et pas pour autant heureuse face à ces gens se contentant de vivre l'instant présent et la rencontre avec une facilité déconcertante.  Il nous explique pourquoi, comment il a décidé d'entreprendre ce voyage.

Bref, il m'a fait rêver.  Car au fond de nous, qui n'a jamais rêver d'aventure, de tout lâcher et de partir vivre au gré du vent et des rencontres ?  N'est-ce pas là, finalement, lors de ces moments, que l'on peut vraiment faire l'expérience de la félicité, du bonheur pur ?  Dans cette société où l'on se rend où l'on veut en quelques heures, où tout est accessible pour une poignée de dollars, nous rendons-nous vraiment compte de la vraie valeur des choses et de la beauté de notre petite terre ronde et de ses habitants ?  Là est toute ma réflexion.


Petite note :

Ce récit, l'auteur l'a édité sur fond propre, afin de financer son voyage.  Vous pouvez l'aider en achetant le livre au prix de 20 € sur son site 

http://www.patiperros.net/julien_billet_voyage_combi_vw_patagonie_alaska_-_patiperros_-_Accueil.html

(Le livre ne se trouve pas dans le commerce)

Vous y trouverez aussi les nombreux clichés prix durant son périple.

Et merci à l'aventurier, s'il me lit, que je ne connais pas, pour ce bon moment.

Extraits

Ouffff, lequel choisir ?

" Le voyage ne peut être monotone, à l'inverse de la sédentarité où tout est planifié et calculé, ne laissant que peu de temps à la spontanéité.  Prendre la route, c'est s’abandonner aux surprises et aux imprévus.  Les émotions, bonnes où mauvaises, sont toujours d'une plus forte intensité.  Comme la joie de la rencontre quand cela fait des jours que l'on est seul ou, au contraire, la tristesse de quitter les camarades que l'on s'est fait sachant pertinemment que pour la plupart d'entre-eux, c'est un adieux que l'on se dit"

" Un matin, après le petit déjeuner, Marcello vint me voir et m'ordonna de laisser tout en plan pour les accompagner.  Nous partions pour toute la journée. C'était une surprise.  Après une heure de barque à remonter la Red River, s'enfonçant dans la jungle, les rives se remplirent de Caïmans et la végétation se densifia.  La rivière se faisait de plus en plus étroite et au bout de trois heures, je commençait sérieusement à me poser des questions.  Après l'expérience du Jaguar, j'étais en droit à avoir quelques doutes au sujet de Marcello.  Où allions-nous ? La journée avançait à grand pas et il restait une heure de barque à faire.  La rivière n'était plus par moment, qui ruisseau où il fallait manœuvrer ou se baisser pour ne pas se prendre une branche en pleine face.  Finalement, après quatre heures de navigation, à la sortie d'un virage, la surprise se transforma en un incroyable spectacle de la nature.  Il y avait devant nous des milliers de ..."

 " Nous réalisions brusquement que tout s'était inversé, le rêve devenant notre vie et ce que nous fûmes, seulement un vieux souvenir fané."


mercredi 27 août 2014

"L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa" de Romain Puertolas


En Bref :

C'est l'histoire d'un Fakir, Ajatashatru Lavash Patel  (NDLR: "prononcez "Attache ta charrue la vache" comme indiqué dans le Roman... hum hum ...) qui prend l'avion dans l'unique but d'aller acheter un nouveau lit à clous dans un magasin Ikéa (et oui!)... Vous comprenez bien qu'il n'y a pas de magasin Ikéa dans sa lointaine contrée.

Comme tout Fakir qui se respecte, Ajatashatru à toujours vécu de mensonges et d'arnaques biens ficelées, d'illusions et de manipulations.  Il a aussi cette extraordinaire capacité de ne jamais s'inquiéter de rien et de s’accommoder de tout.  C'est ainsi qu'il décida, avec seule possession un faux billet de 100 euros destiné à payer son lit à clous, de rester dormir dans le magasin Ikéa, somme toute assez confortable.

Mais contre toute attente, c'est ce soir là que des employés décidèrent de venir embarquer quelques meubles déjà montés afin de les expédier à Londres (NDLR  : bizarre quand même).  Quel autre choix lui reste-t-il que celui de se planquer vite fait au sein d'une armoire métallique, qui (comme par hasard ) va elle aussi faire partie du convoi...

C'est le début d'une aventure sans queue ni tête, où au gré des rencontres et des circonstances, Ajarashamachinchose va se retrouver ballotter d'un pays à un autre (sans armoire), va rencontrer artiste, immigré, star de cinéma et même amour de sa vie.


Mon avis (et des extraits en cadeaux bonus) : 

Le titre est vendeur, "Y'a pas à dire".  En ouvrant le roman, on se doute une peu que cela ne va pas être de la grande littérature mais on s'attend à rire.  C'était à moitié vrai. En une seule phrase, je vous dirai simplement que je suis vraiment très heureuse d'avoir enfin fini cette daube, et que franchement, c'était pénible.

Ce n'est en effet pas de la grande littérature.  C'est hyper mal écrit, pas drôle pour un sous et truffé de jeux de mots, excusez-moi, mais légèrement débiles.  Enfin, un ça va, mais cinquante...  Des exemples ?  (Oui parce que vu que me me suis envoyée héroïquement les 222 pages du bouquin, je ne vais quand même pas me priver !)

" Ajatashatru leva ses yeux coca-cola vers la jeunes femme.  Ils pétillèrent comme le soda qu'on verse dans un verre"   Du grand art moi je dis !

"L'eau qui sortait des poires des douches avait un aspect sombre et terreux" - Chez moi ce sont des pommeaux mais on va pas chipoter sur les détails, soyons indulgents.

Notons aussi l'humour complètement déjanté de l'auteur... Hum Hum, accrochez-vous :

"Il attendait qu'un feux rouge crache sa pastille Valda" ; et la compétence particulière de l'auteur quand il s'agit de voyager dans le temps : on va de "Il fondait aussi vite qu'un glaçon sur le nombril de Kim Bassinger" à "On ne va pas tenter le diable, même s'il ne s'habille pas forcément en Prada"... Hahaha, je m'esclaffe.  Ou je soupire.  Je pleure presque en fait, j'avoue.

Allez, encore un peu pour la route, je sais que vous en voulez encore...

"Le président de la France s’appelait Hollande.  Tiens, qu'elle drôle d'idée !  Le président de la Hollande s'appelait-il France ?" ... ... ... Sans commentaire

"Taisez-vous !  Coupa froidement Demarbre, qui avait toujours du mal à le rester, de marbre" ... ... ...

Sans oubliez les nombreux jeux de mot ridicules comme "Sophie Morceaux" etc...

BREF : Ne vous laissez pas tentez par les désastreuses aventures et calamités d'un pauvre Fakir raté, économisez votre temps et votre argent !


Heureusement mon roman précédent était vachement chouette 
et celui que j'ai commencé s'annonce génial :-) ;-)




lundi 25 août 2014

"L'âme du Mal", de Maxime Chattam


En bref:

Un corps retrouvé. Découpé.  Ou plutôt, dépieucé.  Une femme violée, torturée, assassinée.
L'inspecteur Brolin est jeune et après un petit passage au FBI, il est devenu le "Profiler" de service au sein de la police.  Célibataire obsédé par son métier, vif, malin, il se met dans la peau des meurtriers et résout les affaires les plus tordues.  Passionné par celui que l'on va surnommer "le Bourreau de Portland", il va rapidement dénicher l'assassin. Affaire classée.

Mais un an plus tard, le Bourreau est mort et le carnage se poursuit.  Brolin ne croit pas que l'on puisse revenir d'entre les morts, mais les coïncidences sont troublantes...    Magie noire? Sauvagerie ? Copycat ? Tahison ? Secte ?  Cette affaire dépasse tout ce que Brolin a vu jusque maintenant.  Peut importe la peur,  il faut s'y mettre car les meurtres s’amoncellent, tous plus sanglants les uns que les autres...  Et la seule façon de s'y coller, c'est de s’immerger...


Mon avis :

Ce livre m' a vraiment plus.  Est-ce parce que je sortais de styles tout à fait différents, je ne sais pas, mais l'histoire m'a emballée.  Très réaliste, on se trouve rapidement plongé en pleine ambiance policière, on suit le travail du "profiler" avec beaucoup de plaisir. Si vous êtes fan du genre "The Mentaliste" (série tv) comme moi, vous vous y retrouverez aisément !

J'ai aimé le récit sans gants, le style rapide.  J'ai suivit avec angoisse les avancées de l'enquête, tremblé avec les victimes et espionné curieusement le raisonnement du (des) tueur(s).  Terrifiant, haletant, un polar à ne pas rater !

Extraits :

"Brolin tentait de ne pas se laisser impressionner par la bouille de chair qu'était son front.  
Un dernier pas vers elle.
Et il compris.
Toute l’horreur exprimée par les traits de son visage prit consistance dans l'esprit de Brolin 
Elle avait les yeux rivés sur lui. Les mains attachées.Le bassin maintenu au sol.Et deux cavités béantes à la place des jambes. "

"Imaginons qu'il était battu par son père, violé et tout le toutim, et ensuite ? Pourquoi on lui a fait ça? Son père aussi a été violé et battu? Ca n'a donc jamais de fin, c'est une spirale de haine et de violence qui n'a pasde début ni d'achèvement ? La genèse de ces monstres, le tout début, il provient d'où ? Ce mal qui a un jour frappé un homme, il s'est fait comment ?"

lundi 21 juillet 2014

"Maladie d'amour" de Nathalie Rheims


En Bref:

Alice est jeune, jolie, célibataire.  Enfin, célibataire par dépis, car en fait, tous les jeunes hommes qu'elle rencontre semblent se jouer d'elle.  Heureusement que Camille, sa meilleure amie, est toujours là pour l'écouter, épancher ses larmes et l'entourer de bonnes intentions.
Camille est mère de famille, elle a une vie simple et sans frasque.  C'est vrai que parfois, les aventures de son amie Alice la font rêver.

Le jour où Alice prend la ferme résolution de renoncer à cette vie faite de passions et de souffrances, elle rencontre un chirurgien de qui elle tombe éperdument amoureuse.  Petit à petit, Alice se fait discrète et rapidement, se projette une vie merveilleuse avec son nouvel amant.  Mais non sans éveiller le soupçon chez son amie, qui commence à enquêter sur ce mystérieux chirurgien en rencontrant certaines contradictions troublantes... 

Mon avis :
Honnêtement, je dis NON, non, non.  Ça ne va pas. Quand je vois que c'est le 15ème roman de l'auteur, je me demande si les autres sont pareils.   Le style ne me convient pas du tout, saccadé, brouillon; le scénario tient à peine la route et est prévisible à 10 km, les personnages hyper superficiels.

Heureusement, c'était court.

Mon avis le sera aussi :-)



"L'Appel du Coucou" de Robert Galbraith (J.K. Rowling)


En bref :

Une nuit d'hiver, le célèbre mannequin Lula Landry, alias le Coucou, est retrouvée morte défenestrée.  Sans traîner, l'affaire se trouve rapidement classée parmi les suicides.  Jusqu'au jour où  un détective privé à la dérive, Cormoran Strike, reçoit l'étrange visite du frère de la défunte, persuadé de l'homicide volontaire.
C'est ainsi que Strike, pour qui cette affaire est une aubaine, se lance dans l'aventure.  Pour un détective unijambiste, ex-lieutenant, malmené par l'amour et vivant dans son bureau, ce milieu très "Jet-Set" sera un véritable dédale.  De boîtes de nuit branchées aux hôtels cinq étoiles, des paparazzi à une mère dépressive, il découvre le coté caché de la gloire : jalousie, trahisons et chantage...

Mon avis :

Certains décrivent ce roman comme un grand succès, il n'est pour ma part que divertissant, voir un peu lassant par moment.  Même si je reconnais l'épatante galerie de personnages, sensés donner rythme et intrigue, j'ai regretté le point de vue unique du livre.  Décevant de prime abord (j'ai même arrêter la lecture entre temps pour un autre roman), il s'achève sur de meilleures notes.  Cela n'est cependant pas un immanquable.  L'intrigue n'est pas extraordinaire, reste maintenant à voir si les autres aventures de ce Cormoran Strike seront de meilleurs augures.



"Réparer Les Vivants" de Maylis de Kerangal

Lecture en cours...

En Bref :

"Réparez les vivants" est l'histoire d'une transplantation cardiaque.  En 24h, une multitude de tensions, d'émotions, d'actes, de décisions se succèdent.  Faut-il laisser le cœur, le foie, les poumons de Simon filer vers d'autres corps, vers d'autres lieux ?  Pauses méditatives, aventure intime, panique, questions...  Symbole d'une histoire, siège de l'amour,  le cœur d'un homme représente finalement bien plus qu'une fonction vitale... 

Mon avis :
Ayant lu tant de bonnes critiques sur ce livre, qui se révèle être la surprise de la rentrée littéraire de l'hiver 2013/2014, n'étant pas à la base spécialement portée sur les romans "médicaux"  - et donc nourrissant certaines craintes -, je me suis pourtant laissée tenter.

Et grand bien m'en fût.  Ce livre est un hommage empli de poésie à tout ceux qui participent, de près ou de loin, aux dons d'organes.  Cela nous rappelle que non, il ne s'agit pas "juste" d'une signature sur un formulaire, d'une formalité à remplir à son administration communale et d'une seconde vie offerte à un autre.

Non, ce geste est fort, est dur, est empli de questions, de doutes, de solitude pour certains, mais aussi d’espoirs, d'actes médicaux, de convictions pour d'autres.  Car ce drame, car cela en est un, nous ouvre l'esprit sur chaque acteur, chaque maillon de cette chaîne de la vie.  Aussi, c'est à travers des personnages touchants, parfois impressionnants que nous plongeons au sein d'un univers médical rarement décrit, porté par un style brillant.



mardi 1 avril 2014

"Muchachas" de Katerine Pancol

  

En bref :

C'est avec beaucoup de plaisir que nous retrouvons ici Hortense, Gary, Joséphine, Zoé et compagnie. Dès l'ouverture du roman, on se retrouve nez à nez avec ces personnages colorés, leurs déboires, leur petit bout de chemin... Mais ils ne font ici qu'effleurer l'histoire.

Ce n'est pas d'eux dont il est question, mais d'une femme, Stella.  De sa vie, de sa dignité, de son histoire où se mêlent malheur, bonheur et violence.  Stella est ferrailleuse, elle vit dans un petit village qui évolue sous l'autorité d'un homme, considéré comme un héro mais cachant bien des vices et infligeant de lourds déboires à qui il lui plaira.  Mais Stella, c'est une Femme, une dure à cuire, qui se battra corps et âme pour sauvegarder ces petits grains de bonheur qu'elle tient au creux de sa main...

Mon avis:

En ouvrant le roman, je n'ai pas de suite perçu le début d'une nouvelle trilogie, mais cela en est bien une.  Les crocodiles, tortues et écureuils ne sont ici que pour lancer l'histoire, faire un lien, et encore.  On s'en serait bien passé finalement. Pancol tient un sujet épineux, la violence familiale, la confrontation avec les idées reçues.  L'héroïne, seule contre tous, trouvera au fil des pages quelques alliés, présumant d'une suite bien mouvementée.

L'écriture est toujours aussi fraîche, colorée, pleine de vie et de sentiments.  Ce style, je l'aime, il me fait vibrer. C'est Beau, c'est Poétique.  Ça nous donne envie de garder ces phrases dans la tête toute au long de  la journée.  Informel, direct, chaque chapitre nous plonge dans une âme, une personnalité et nous évoluons à travers ses pensées et sentiments.

Maintenant, je suis un peu mitigée quant au thème choisi.  C'est sombre, difficile à lire, cru, ça fait mal.  Nous ne sommes plus dans des romances, histoires légères et enivrantes.   Mais ça touche, ces histoires de femmes, fortes, fonceuses contre vents et marrées.  J'ai aimé pour le style, moins pour le thème, mais j'attend la suite :-)


La suite (tomes 2 et 3):

Terrible !  J'ai dévoré ces livres, qui sont d'autant plus entraînant ici puisqu'ils se recentrent davantage sur nos anciens héros, principalement le beau Gary et Hortense la vaniteuse-qu-on-aime-quand-même.  Plus frais, moins lourds, aussi colorés... un RÉGAL ! :-) :-)


Extraits du tome 1 :

" La nuit, Joséphine se dit que le bonheur n'est pas une marchandise qu'on pose sur le comptoir, qu'on pèse et qu'on achète pour mieux le posséder, c'est un état d'esprit, une décision de l’âme.  le bonheur, c'est d'avoir les yeux grands ouverts et de le chercher partout.  Et elle à décidé d'être heureuse."

"Est-on toujours tourmentée quand on est amoureuse ? Amoureuse ? Il vaudrait mieux dire possédée envahie, décolorée, recolorée à ses couleurs à lui.  La quête d'un mot exact l'apaise.  Elle goûte sur ses lèvres la trace de leur dernier baiser et se rassure. On ne mime pas le désir, le désir d'un homme qui se pose sur une femme et la rend belle. De ce désir-là, elle se sent parée.  La façon qu'il a de refermer ses bras sur elle quand ils sont étendus dans le lit...  Il l'étreint, l'ajuste contre lui et tout semble simple. Un baiser et les questions s'effacent, gommées par une évidence qui s'impose, embrasse-moi, embrasse moi encore.  La volupté peut se révéler une science exacte, même si elle ne l'est que l'espace d'une heure, d'une nuit.  Il est des confidences que seuls les corps échangent.  Un accord secret signé d'une peau sur l'autre."

 "Elle fixe le ciel.  Cela commence toujours par le vent.  Le vent, de gros nuages noirs et blancs, la pluie.  La pluie du chagrin. Quand il pleuvait, elle avait peur, enfant.  Peur qu'il pousse la porte."

   " Il n'y a pas de remède à ce mystère de l'homme qu'on aime, et qui devient un étranger  justement parce qu'on l'aime, et qu'en l'aimant, on perd le pouvoir de raisonner, on se heurte à un mur douloureux qu'on ne peut briser"



dimanche 2 mars 2014

"Bloody Miami" de Tom Wolfe


En Bref :

Une fresque de la vie à Miami en 2010, racontant l'histoire d'une dizaine de personnes dans une société qui semble bien malade... Tout le monde juge tout le monde, déteste tout le monde, utilise tout le monde. Victime, vainqueur, manipulateurs. Le miroir de l'Amérique du XXIème siècle ou de l'avenir de l'Amérique?

Mon avis:

Bon j'avoue, je ne l'ai pas fini.  Je le reprendrais peut-être, je ne sais pas. Surement.

Ce qui me déplaît ?  J'aime les romans de Tom Wolfe (enfin, je n'ai lu que le Bûcher des Vanités et Moi, Charlotte Simons) :  piquants, réalistes, non-politiquement corrects, dénonciateurs.
Mais ici, c'est pénible.  Le style, le vocabulaire, la lenteur.  

Peut-être est-ce nécessaire, peut-être que je m'en rendrais compte plus tard, peut-être que je devrais m'accrocher, mais là vraiment... 

C'est rare, mais je fais un break.  

Je m'envole dans le dernier Pancol :-)


"11 minutes" de Paulo Coelho


En Bref :

Maria est une jeune Brésilienne.  Elle est issue d'un milieu modeste, travaille dans un commerce et se désespère de l'amour.  Après plusieurs tentatives, un cœur brisé et une recherche désespérée du sens de la sexualité, elle se conforte dans l'idée que tout cela n'est juste pas utile à sa vie et que les hommes ne sont qu’accessoires pour l'intimité d'une femme.

Ainsi promise à un avenir un peu fadasse, elle rencontre sur une plage un Suisse qui lui offre une opportunité d'aventure. L'Europe, la gloire, l'argent.  Qui ne serait pas tenté ?  Malheureusement la réalité fût toute différente et Maria en vient à se prostituer, sans honte, car après tout la prostitution est un métier comme un autre.  Ainsi commence le chemin se son initiation et de sa quête personnelle qui est, comme pour un peu tout le monde finalement, l'amour.

Mon avis :

On ne peut pas dire que je sois spécialement une grande fan des romans de Monsieur Coelho, dont je n'apprécie pas toujours l'aspect un peu religieux et moralisateur.  Cependant, si je fais fi de cela, les thèmes évoqués et les réflexions transportées via ses histoires me poussent à découvrir davantage ses livres.

Ici, j'ai commencé le roman sans aucune idée du sujet.  Après coup, le thème osé de la prostitution m'a bien accroché.  Or j'ai été considérablement déçue en avançant progressivement dans le récit.   Certe, on ne lit pas un livre pour se plonger dans un sujet épineux, pas très joyeux et déprimer toute la journée, mais ici le tableau est extraordinairement (trop) beau, simple, sans problèmes.  En gros, voici la trame (Attention spoiler)  :

Maria n'aime pas son boulot. 
"Ok, Et si je me prostituais ?  Ainsi je gagne plein d'argent et après un an j'arrête".
Maria rentre dans le premier bar. Un bar Brésilien.  Le mieux payé de la rue.  (Quel hasard.)
Elle est de suite embauchée.
Le patron est sympa.
Elle décide elle-même qui elle accepte ou non.
Les clients sont toujours très corrects et elle peu garder une grande partie de l'argent de la passe.
Elle tombe amoureuse. D'un beau peintre ténébreux.
Il est parfait.  Il est amoureux, lui aussi.
Elle dit à son patron "je m'en vais"
Il lui dit "Ok, on reste en contact". 
Fin.

Cela me gêne.  Cela ne colle pas à la réalité.  Je n'y connais rien mais je pense que ce n'est pas aussi rose dans la vie d'une prostituée, même si c'est un choix.  Tout a l'air si facile, si simple, le monde est si gentil.
La fin est prévisible à 100 km.  J'ai juste l'impression que pour compenser le risque pris par le sujet, tout a été enrobé de façon complètement exagérée, mielleuse, même si c'est écrit d'après un récit de vie.

Cependant l'évolution du personnage dans la découverte des limites de la libération sexuelle, son initiation et sa réconciliation avec son âme, avec elle-même, est intéressante. Le fait que ce n'est pas un livre érotique (aucune passe n'est décrite; sauf une ou deux, importantes pour comprendre le cheminement de Maria)  nous fait comprendre le vrai sens du récit.

A vous de voir.





lundi 27 janvier 2014

La Prime, de Janet Evanovich


En Bref :

C'est sûre, Stéphanie Plum n'est pas la plus chanceuse dans la vie.  Plus de boulot, appartement hypothéqué, frigo désespérément vide, bref rien de glorieux.  Mais c'est sans compter un caractère enthousiaste, une persévérance à toute épreuve et surtout un cousin, Vinnie, qui dirige une agence de "cautionnement" et cherche un nouveau chasseur de prime.
Et pourquoi pas ?  Femme drôle,  gaffeuse mais obstinée, la voilà partie sur les traces d'un flic ripoux, accusé de meurtre...

Mon avis :
Rapide, drôle, bien pensé, ce roman se lit d'une traite.  Idéal pour se changer les idées, ce mélange de comédie et de policier occupera facilement vos temps libres.  Mais qu'on s'entende bien: il ne s'agit pas une intrigue extraordinaire et complexe, juste des aventures improbables d'un petit bout de femme à la recherche d'un bandit :-)


vendredi 3 janvier 2014

Chambre 2, de Julie Bonnie


En bref :
Béatrice travaille en maternité.  Au fur et à mesure des chambres, elle croise des destins et des expériences de vie fortes, douloureuses, honteuses, poignantes.  Comment réagir face à tous ces destins de femmes, du déni à la peur, de la peine à l'émerveillement d'une naissance ?  Un tsunami d'émotions qui la plonge dans son passé de danseuse nue, de violons, de bohème, et d'amour.  Une sensibilité à fleur de peau  face à ce que nous impose la vie qui s'approche de la folie mais qui lui fait douloureusement percevoir la dure réalité de l'enfantement.

Mon avis:
Poignant hommage à la femme, au corps, à la naissance. Dur, chamboulant, révoltant parfois, ce livre m'a enveloppé dans un tourbillon de vibrantes émotions.  Face à ces femmes en morceaux, à ces éclats d'âmes et ces expériences de vie, on réfléchit.  Cette fille qui se croit folle, l'est-elle plus que ceux qui la trouve différente ?  Vivre là où l'on ne trouve pas sa place, dans un moule qui n'est pas à sa taille, tenter de se fondre dans une existence où le fantôme du passé nous hante, témoin d'un bonheur pur mais évaporé. Enfermé dans une blouse, un bleu de travail ou un deux pièces et tenter de survivre, quelle utopie.  Les chambres se succèdent, les vies défilent et, alors que je lisais un extrait à mon chéri qui ne comprenait pas, ce poème émouvant dédié à la féminité me faisait pleurer.


Extrait :

"Dans la chambre 11, une femme a fait un déni de grossesse.
Mais maintenant, il y a un bébé.  Cette très jeune femme avait rendez-vous cinq jours plus tôt au planning familiale pour une IVG.  Un avortement. On dit IVG pour être poli. (...). J'imagine le choc.
- Mais vous vous trompez.  j'ai toujours mes règles. Je ne veux pas de cet enfant.
- ...
-  Vous pouvez me dire si c'est un garçon ou une fille ?
Grégoire est né.  Un bébé, deux milles quatre cents soixante grammes à la naissance. La mère lui a retrouvé son papa.
- Est-ce ce que ce serait possible de mettre Grégoire dans la couveuse , parce que ses mains sont froides ?  Et j'ai l'impression qu'il a tout le temps froid.  Il lui faut une couveuse pour se réchauffer, et aussi pour qu'il grossisse un peu...
-  Vous savez madame, la couveuse la plus efficace, c'est vous.  Si vous pensez qu'il a froid, il faut le mettre en peau à peau contre vous.
- Ha bon  ? (...) Je me mets dans le lit ? J'enlève le haut ?
- Oui.
Pendant ce temps, j'ai déshabillé le bébé.  Le corps de la dame dans le lit est juvénile. Personne n'imaginerait qu'elle vient d'accoucher. Elle essaie de prendre son bébé mais elle est très, très maladroite, et finalement elle me laisse faire.  J'installe entre  les seins de sa mère ce tout petit bébé qui ne se réveille pas du tout.  Et je les colle l'un à l'autre en les enveloppant bien dans un drap. La dame ne dit rien. Elle ne bouge pas. Tout à coup, un énorme sanglot  surgit de son corps.
Des larmes énormes roulent sur ses joues et dégoulinent sur la tête du petit bébé.  Elle pleure.  Elle pleure.  Elle rit un peu aussi.  Elle réalise, là, sous mes yeux.  C'est moi qui ai posé le bébé sur elle.  Et elle rit et elle pleure. Je la vois tomber amoureuse.  C'est comme si une nouvelle couleur venue de nulle part, comme si de l'indigo de l'arc-en-ciel de mon enfance avait envahi toute la pièce.  Son visage est indigo, le bébé est indigo, les murs de l’hôpital deviennent indigo, et petit à petit mes mains sont indigo, puis mes bras, mes cheveux.  Une couleur nouvelle ruisselle sous mes yeux.
Alors mes larmes indigo coulent d'un coup.  Et je reste un peu à pleurer avec elle.  J'assiste à la naissance d'une mère.  Le spectacle, si près de moi, est à la hauteur de toutes les peintures religieuses du monde. C'est ça, un miracle.  Pour nous deux, seules." 

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J'arrête là car je serais capable de vous écrire tout le livre :-)